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monopolisait a son usage individuel toutes les femmes du groupe, y compris ses propres filles. Par suite, n'admettant a cote de lui aucune rivalite, il exilait du groupe les autres males, une fois qu'ils etaient devenus adultes. Ceux-ci s'en allaient done former, au dehors, des bandes errantes dont les membres cherchaient a s'emparer de force des femelles dont ils avaient besoin.
C'est Taffaiblissement progressif de cette jalousie initiale qui aurait permis la transformation de cette " famille cyclopeenne " en tribu. Pour expliquer comment s'est effectue ce changement, I'auteur postule qu'a un moment donne un progres, a la fois physique et mental, se produisit chez ces ancetres de I'homme et les rapprocha du type humain. La vie etant devenue ainsi plus longue, I'enfance elle-meme se prolongea. Des liens plus etroits, parce que plus durables, unirent les enfants a la mere, qui s'opposa a leur exclusion du groupe lorsqu'ils furent adultes. Elle finit par y reussir. Seulement, les jeunes males ne furent gardes qu'a la condition de ne pas empieter sur les droits conjugaux du chef. II leur fut interdit de s'unir aux femmes du groupe. C'est cette interdiction que I'auteur appelle la loi primitive {the primal law) de I'humanite ; et cette loi survit encore dans la regie qui interdit, dans une multitude de societes inferieures, toute espece de rela- tions entre freres et sceurs.
Nous ne suivrons pas I'auteur dans la suite des conjectures qu'il risque pour expliquer la maniere dont peu a peu se constitua la tribu. De telles theories ne relevent pas de la controverse scientifique puisqu'elles ne sont susceptibles d'aucun controle. C'est un tissu de pures imaginations dont on peut parfois estimer I'ingeniosite, mais qui ne reposent sur aucune preuve positive. L'auteur, il est vrai, croit prouver ses theories en faisant voir qu'elles rendent compte de certaines pratiques primitives (tabous sexuels divers). Mais pour que cette derivation edt quelque valeur demonstrative, il faudrait tout au moins qu'elle filt la seule possible. Or, on sait que bien d'autres explications ont ete
P P * EmILE DURKHEIM.l
1 [Mr. Lang further explains and elaborates his hypothesis in Man, December, 1903 (art. loi), an advance copy of which has kindly been placed at our disposal by the officers of the Anthfo- pological Institute. — Ed.]
