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XIV Alfred Nutt.

mMe, ainsi Siegfried tue Fafnir et delivre Brunhild. II en est de meme chez les Celtes, Cuchulain dans un recit dont on ne pent, il est vrai, suivre la tradition diplomatique au dela du xii^ siecle, tue les Fomors et delivre la fille de Ruad. Ces deux themes sont encore de nos jours tr^s repandus parmi les paysans gaeliques, soit de I'lrlande, soit de I'Ecosse; je connais, tant imprimees que manuscrites, plus d'une tren- taine de variantes, dont au moins une douzaine se rattachent etroitement a la legende de Finn et racontent cette meme his- toire dont nous avons une version populaire du xv^ siecle et une version pseudo-historique du x^ siecle. J'ai fait usage de ces variantes orales, mais peut-on pretendre que ce sont la de « ganz junge Miirchen und Volkssagen » ? II m'a semble aussi que, puisque les « enfances » de Perceval sont mani- festement une variante d'un de ces themes, il etait a la fois plus conforme au simple hon sens et plus strictement scienti- fique de rattacher cette variante (que Chretien n'a pas pu in- venter, qu'il a du trouver quelque part) aux autres versions celtiques.

Le second theme que j'ai cru demeler dans le conte du Graal est celui du heros qui entreprend une vengeance a I'ins- tigation et avec I'aide d'un etre qui en beneficie, puisque seul I'accomplissement de cette vengeance peut le delivrer, lui, d'un enchantement. Ce theme ne peut etre demele dans le roman francais que lorsqu'on confronte celui-ci avec le conte gallois de Peredur qui, lui, le presente sous une forme claire et logique. II est vrai que je n'ai pas pu trouver une variante exacte de ce theme dans I'ancienne litterature irlandaise, en d'autres mots que je n'ai pas pu le suivre au dela de Peredur. Mais j'ai trouve un exemple d'une des deux donnees de ce theme — la quete accomplie avec I'aide d'un etre qui en bene- ficie — dans un des plus anciens monuments que nous ayons de la litterature irlandaise, c'est-a-dire dans le glossaire de Cormac. J'ai etudie cet exemple tres remarquable a tous les points de vue (voy. Tales, 467-468) et je renvoie a cette etude. II faut remarquer que les variantes modernes de ce theme (a I'exception de I'Amadan Mor dont je parlerai tout a I'heure) n'ont rien qui rappelle la forme sous laquelle il se pre-