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les Etudes cT ancien Fra?ifais. 369

Ces recherches, basees sur les seules ceuvres d'imagination, seront toujours suspectes aux erudits, et a juste titre. Ellas contiennent pourtant des resultats qui ont leur prix. L'his- toire vraie n'est pas seule a nous offrir un processtis logique et jamais interrompu ; I'histoire poetique a le sien, dont la logique est parfois plus ostensible encore. Les conceptions des hommes peuvent-elles se derober aux lois d'heredite et d'ambiance ? Pas plus que leurs ouvrages, sans doute. Eh bien, cette suite logique dans les idees, ce progres constant dans leur expression, cet affinement de la sensi- bilite litteraire qu'on ne peut meconnaitre, lorsqu'on pro- cede de I'epopee aux imitations de I'antiquit^, et de celles-ci au roman de Thomas et de Chretien, I'etude des Realien nous en revele I'origine, les lois, la gradation plus ou moins lente ; elle degrossit ainsi les materiaux d'une histoire definitive — si tant est qu'oeuvre humaine le soit — de notre ancienne litterature fran(jaise. Et comment, sans elle, sup- plier a I'absence quasi-complete de renseignements sur la vie de nos premiers ecrivains, sur le milieu intellectuel ou ils se sont epanouis et sur la nature du public auquel ils devaient plaire ?

Apres M. Krabbes, qui a etudie la femme dans I'epopee frangaise, M. Winter s'est preoccupe de son luxe et de sa coquetterie. II I'a fait sans rien de piquant et avec la meme sagesse d'appreciation, le meme mepris des nuances, que son devancier. Pourtant que de points de vue changeants et que de points de vue eternellement fixes il pouvait nous offrir ici, apres les avoir contempl^s lui-meme ! Retenons des travaux de MM. Krabbes et Winter un trait essentiel de differenciation entre I'epopee et le roman. L'heroine des chansons est ignorante ou sa science est plus faite pour nous derouter que pour nous plaire : elle connait les simples, I'astronomie, les formules et recettes magiques. La femme de Chretien est plus cultivee ; elle sait lire,^ et si elle s'occupe encore de

1 V. Yvain, 5364-6; P. Paris, RomaJtcero franqais, p. 46. Pour le xnie siecle les exemples ne se comptent plus.

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