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XXXVI Alfred Nutt.

ma doctrine ? Je pars d'une donnee certaine, I'assertion for- melle de Chrestien au sujet d'une source anterieure ; celle-ci se rattachait d'une facon qu'il est impossible de preciser a des traditions celtiques, qu'elles fussent gaeiiques ou kymriques, on ne pent le savoir ; elle fut fortement remaniec par Chrestien, tandis que ses continuateurs, auxquels il manquait sa force creatrice, la suivirent plus fidelement. Elle etait apparentee a des recits qu'on pent demeler encore et dans le Peredur gallois et dans le Sir Perceval anglais, ou toutefois I'influence de Chrestien (mais aucunement celle de ses continuateurs) se fait sentir, et a produit un bizarre melange.

M. Golther trouve que c'est la « une hypothese peniblement construite, dont I'examen des faits demontre I'entier manque de fondement ». Je crois avoir expose les faits avec assez de details pour que chacun puisse en juger. Mes lecteurs decide- ront si mon hypothese, ou celle de M. Golther, a le plus de fondement, offre le moins de difficultes, repond le mieux a tout ce que nous savons et sur I'activite litteraire au moyen age et sur les manifestations de I'esprit de tradition a toutes les epoques et dans tous les pays.

II arrive presque toujours que celui qui pousse une hypo- these a I'extreme, se charge lui-meme d'en iaire la rediictio ad absurdum. C'est le cas de M. Golther. Voici ce que je lis Z, V. L., p. 425 « Die Triade welche von Bran (Hebron) als Bekehrer Britanniens spricht (bei Loth, Mab. II, 284, Nutt, p. 219) diirfte fiiglich wie so vieles andere eher aus den fran- zosischen Romanen stammen als zu ihrer Erkliirung dienen ». Ceci merite un examen. Relevons d'abord une inexactitude: la triade de M. Loth ne parle pas de Bran (Hebron), comme on pourrait le croire d'apres M. Golther, mais seulement de Bran.

Voici quelques faits qui mettront le lecteur a meme d'ap- precier I'hypothese de M. Golther. Chez Robert le roi pecheur, le premier gardien du Graal, et celui qui I'apporte dans la Grande-Bretagne, s'appelle ou Hebron (cette forme ou les formes apparentees de Hebrons ou Hebruns se trouvent douze fois) ou Brons (cette forme ou celle de Bron se trouve dix- sept fois) ; il a pour femme Enygeus (2 fois) ou Enyseus (2 fois, on trouve aussi la forme Anysgeus), pour fils Alein.