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LES CHÂTIMENTS
41

Ils te mordent dans ton cercueil!
De tous les peuples on prépare
Le convoi . . .
Lazare! Lazare! Lazare!
Lève-toi!
******Ils bâtissent des prisons neuves;
O dormeur sombre, entends les fleuves
Murmurer, teints de sang vermeil;
Entends pleurer les pauvres veuves,
O noir dormeur au dur sommeil!
Martyrs, adieu! le vent souffle, les pontons flottent,
Les mères au front gris sanglotent;
Leurs fils sont en proie aux vainqueurs;
Elles gémissent sur la route;
Les pleurs qui de leurs yeux s'échappent goutte à goutte
Filtrent en haine dans nos cœurs.
Les juifs triomphent, groupe avare
Et sans foi . . .
Lazare! Lazare! Lazare!
Lève-toi!

Mais, il semble qu'on se réveille!
Est-ce toi que j'ai dans l'oreille,
Bourdonnement du sombre essaim?
Dans la ruche frémit l'abeille;
J'entends sourdre un vague tocsin.
Les césars, oubliant qu'il est des gémonies,
S'endorment dans les symphonies,
Du lac Baltique au mont Etna;
Les peuples sont dans la nuit noire;
Dormez, rois; le clairon dit aux tyrans: victoire!
Et l'orgue leur chante; hosanna!
Qui répond à cette fanfare?
Le beffroi . . .
Lazare! Lazare! Lazare!
Lève-toi!