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THE BOOK OF THE HOMELESS

tit François tout criblé de balles. Un peu plus loin il reçut une blessure à l'épaule.

Son capitaine lui ordonna d'aller se faire panser. Il refusa, continua et fut blessé d'une balle dans la tête.

Les corps furent ramassés et ramenés dans les ruines du village. Les sapeurs du 26e dirent alors:

—On n'enterrera pas ce bon petit sous-lieutenant sans un cercueil. Nous allons lui en faire un.

Ils se mirent à scier et à clouer.

Ceux du 27e dirent alors:

—Il ne faut pas traiter différemment les deux frères. Nous allons, nous aussi, faire un cercueil pour notre lieutenant.

Au soir, on se préparait à les enterrer côte à côte quand une vieille femme éleva la voix.

C'était une vieille si pauvre qu'elle avait obstinément refusé d'abandonner le village. "J'aime mieux mourir ici," avait-elle dit. On l'avait laissée. Elle gîtait misérablement dans sa cabane sur la paille et n'avait pas d'autre nourriture que celle que lui donnaient les soldats. Quand elle vit les deux jeunes cadavres et les préparatifs, elle dit:

—Attendez un instant avant de les enfermer. Je vais chercher quelque chose.

Elle alla fouiller la paille sur laquelle elle couchait et en tira le drap qu'elle gardait pour sa sépulture. Et revenant:

—On n'enfermera pas, dit-elle, ces beaux garçons le visage contre les planches. Je veux les ensevelir.

Elle coupa la toile en deux et les mit chacun dans son suaire, puis elle leur posa un baiser sur le front, en disant chaque fois:

—Pour la mère, mon cher enfant.

Nous nous tûmes quand le Général eut ainsi parlé et il n'était pas le

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