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sont fiers d'etre Americains et veulent rester Ameri- cains. En 1880, il n'y avait, aux Etats-Unis, que 30 journaux entierement rediges et composes par des negres. II en parait maintenant 154. Et ces journaux ne se genent pas pour polemiquer, batailler, menacer et narguer les blancs, attiser les haines, exciter les jalousies, vanter les merveilleuses aptitudes des Afro- Arnericains ! Non ! Ceux-ci ne retourneront pas vers la terre brulante ou leurs ancetres couraient tout nus sous les lataniers. Et comme aucun croisement phy- sique, aucun compromis moral n'est possible entre les deux races, un formidable probleme anthropologique reste pose, aux Etats-Unis, chaque annee plus mena- gant et plus insoluble, sinon par la violence. N'avons-nous pas lu dans un journal de negres, que les Afro-Americains feraient de grandes choses dans les Etats du Sud, le jour ou ils seraient debarrasses des Anglo-Saxons ! Les noirs de la Caroline, auront-ils un jour leur Toussaint Louverture ? Les Afro-Americains ont des ambitions, des aspira- tions immenses ! Deja, ils ont cree une grande chose, puisqu'ils ont invente le cake walk, qui a fait le tour du monde, propage par la badauerie universelle. Le jour du 14-Juillet, je rencontrai, pres des boulevards, une jeune negresse, professionnelle de la choregraphie, venue a Paris avec une troupe de ses compatriotes pour executer dans les cafes-concerts cette ridicule bam- boula. Je demandai a la vierge noire ce qu'elle pensait des honnetes citoyens qui, dans nos rues, s'efforgaient d'executer le cake walk, sous la pluie de sons des orchestres, pour celebrer la prise de la Bastille. Lenfant fit une moue, montra I'ivoire de sa bouche et me repondit : — / think they are disgusting ! Voila ce que pensait la jeune Afro-Americaine : « Les Parisiens qui dansaient le cake walk la degoiitaient. » Ludovic Naudeau.