The American Historical Review/Volume 23/Kearsarge and Alabama: French Official Report, 1864

The American Historical Review, XXIII
Kearsarge and Alabama: French Official Report, 1864
by Jérôme-Hyacinthe Penhoat, edited by Waldo Gifford Leland
2845347The American Historical Review, XXIIIKearsarge and Alabama: French Official Report, 1864
Jérôme-Hyacinthe Penhoat, edited by Waldo Gifford Leland

2. Kearsarge and Alabama: French Official Report, 1864

The following papers, for which we are indebted to Mr. Waldo G. Leland, were found by him in the Bibliothèque Nationale in Paris (Manuscrits Français, Nouvelles Acquisitions, 9466, ff. 95–98). They are addressed to the préfet maritime of Cherbourg, Vice-Admiral Dupouy, by the captain of the Couronne, a French ironclad then stationed there and present at the fight between the Kearsarge and the Alabama on June 19, 1864. The report has a value, as adding, to the original sources already known, Union, Confederate, and British, a professional account by an eyewitness who was an experienced naval officer of a neutral nation, and whose function it was to escort the Alabama outside the three-mile limit and in a sense to supervise the combat.

I. Récit du Combat entre le Kerseage et l'Alabama.

Frégate Cuirassée La Couronne
Cherbourg, le 19 juin, 1864.

Amiral,

Conformément à vos ordres j'ai allumé les feux en même temps que le bâtiment conféderé Alabama. À 7h. 50 nous avions de la pression. Le bâtiment fédéral Kerseage restait dans le N. E. à très grande distance. A 9h. 45 l'Alabama a appareillé et la Couronne filé son corps mort et l'a suivi à la distance prescrite. Dès que ce bâtiment a été en dehors des eaux territoriales je me suis dirigé immédiatement sur la rade et j'ai repris le mouillage que j'occupais avant mon départ.

Nous avons suivi de la mâture les mouvements des deux bâtiments qui se trouvaient très au large. On ne distinguait pas bien leurs mouvements, lorsque tout-à-coup on m'a prévu que l'on croyait avoir vu un des deux bâtiments couler bas; on distinguait sur les lieux du sinistre une très grande réunion de bâtiments et de bâteaux du port. Je me suis empresse de vous transmettre cette information, mais à cause de la distance où se trouvaient les combattants et de l'état brumeux du temps il était difficile de se rendre compte exact de l'état des choses. Le bâtiment à vapeur le Var se dirigeait du reste sur les lieux.

Je suis avec respect
Amiral

votre très obéissant serviteur

Le Cap'ne de V'eau Command't la Couronne

Penhoat

P.S. Nous avons acquis la certitude que c'est l'Alabama qui a succombé dans cette lutte glorieuse.

II. Mouvements de la Couronne et des deux Bâtiments Américains.

3h.30 Apercu le Kerseage au N. E.
 5.45 Alabama commence à virer.
 6.10 Alabama allume les feux.
 6.10 Couronne allume les feux.
 6.55 Couronne communique avec Alabama.
 7.25 Kerseage au N. E. courant à l'O.
 7.50 Alabama a de la pression.
 7.55 Couronne a de la pression.
 8.00 Kerseage à l'E. N. E. bien loin.
 8.30 Couronne prête à marcher.
 9.30 Alabama vire à pic.
 9.30 Couronne aux postes d'appareillage.
 9.35 Kerseage a l'E. ¼ N. E.
 9.45 Alabama appareille.
 9.50 Kerseage disparu.
 9.54 Alabama passe devant la Couronne.
 9.55 Couronne appareille.
10.00 Alabama double la pointe du Mensoir.[1]
10.07 Kerseage au N. E.
10.10 Alabama quitte le pilote.
10.18 Couronne double le Mensoir.
10.20 Kerseage au N. 80° E.
10.22 Couronne gouverne à l'E. N. E.
10.23 Alabama au N. E. ½ N.
10.30 Kerseage change de route (vient sur tribord).
10.50 Couronne vient sur babord, rentre.
10.50 Kerseage arbore sa demi-enseigne.
11.03 Commence le combat.
11.50 Couronne mouille.

Le bâtiment confédéré Alabama, commandé par le Cap. Semmes, mouilla sur la rade de Cherbourg le 11 juin 1864 venant du Cap de bonne espérance. Ce bâtiment avait déclaré 122 hommes d'équipage ; on a su depuis qu'il avait à bord 22 officiers confédérés. L'Alabama était un joli bâtiment à hélice de 13 à 1400 tonneaux,[2] bien mâté d'un faible échantillon en bois, armé de 6 canons.[3] Deux de ces canons etoient établis à pivot, le premier entre le mât de misaine et le grand mât était une pièce rayée de 9 pouces, portant un boulet creux cylindro-sphérique Le second canon placé entre le grand måt et le mât d'artimon était une pièce à anse lisse[4] du calibre de 48 à 50, boulet plein (pour les calibres il peut y avoir du doute, on's'en est rapporté aux assertions des officiers sans la contrôler par esprit de discrétion), les autres pièces étaient du 30, ayant l'apparence de nos obusiers de 30 de marine. Le Capitaine disait que le cuivre de son bâtiment était en mauvais état: il avait reçu l'autorisation de compléter son charbon à Cherbourg [word illegible], et non de se réparer, car il n'est pas entré dans le port.[5]

Le Kerseage, commandé par le Capitaine Vinslow,[6] a paru le 14 devant la Digue, venant de Douvres.[7] Ce bâtiment a déclaré 140 hommes d'équipage.[8] C'est un aviso à hélice de 14 à 1500,[9] armé de 6 canons dont deux canons Dahlgreen de pouces (27 cm.) du poids de 7700 Kilog. établis à pivot sur le pont, l'un entre le grand mât et le mât de misaine, l'autre entre le grand mât et le mât d'artimon. Ces deux canons lançaient des obus et des grappes composées de biscayens et de boulets de 4; il n'y avait pas à bord de boulet plein pour cette artillerie; les 4 autres canons étaient des pièces de 32 correspondant à notre 30, nos. 3 ou 4.

Le Kerseage est un bâtiment en bois, d'assez fort échantillon blindé sur le côté avec des bouts de chaine de 36 à 40 mm. de fer de maillon, placées verticalement depuis le bastingage jusqu'à 1 mètre au-dessous de la flottaison, ces bouts de chaine sont serrés l'un contre l'autre de telle sorte que la maille à plat engraine dans la maille en saillie. le tout est lié par des amarrages en filin. je ne connais pas le systême qui rattache cette sorte de cotte de maille au bâtiment (ce sont des crampons probablement). le tout est recouvert d'un léger soufflage en sapin.

Ce blindage est placé sur le côté du bâtiment de manière à couvrir sa machine.

Le Kerseage se présente devant la passe de l'Est sans entrer et vint demander l'autorisation de communiquer avec son consul, autorisation qui lui fut accordée après quelques difficultés sanitaires. Il's'établit en suite en croisière au large de la digue, en dehors des eaux territoriales avec une telle discrétion que la plupart du temps il était hors de vue.

On a dit que les deux capitaines's'étaient envoyé un cartel. le Capitaine Vinslow repousse cette assertion. il n'a envoyé aucun défi mais avait reçu une lettre du Cap'ne Semmes qui lui annonçait qu'il sortirait pour le combattre. le Cap'e Semmes avait annoncé sa résolution officiellement et prévenu qu'il sortirait le Dimanche 19 entre 9 heures et Io heures du matin. les deux bâtiments avaient reçu dès leur arrivée dans le port un extrait des instructions aux quelles les belligérents doivent se conformer pendant leur'séjour sur les rades françaises.

Le Dimanche matin l'Alabama alluma les feux vers 6 heures et toute la population garnissait les quais, les môles, les tours, le Roule[10] et la Digue pour voir le combat naval. il y avait affluence de Parisiens arrivés le matin par un train de plaisir.

L'Alabama appareille vers 9 h ½ et lorsqu'il fut devant la Couronne, cette frégate laissa filer son corps-mort et le suivit à une distance suffisante pour ne pas gêner ses mouvements. elle avait ordre d'empêcher tout engagement dans les eaux territoriales et de revenir au mouillage dès qu'elle serait assurée que le combat serait livré en dehors des eaux françaises.

Au moment où les bâtiments doublaient le Mensoir de l'Est, le Kerseage reste dans l'E.N.E., le cap[11] au N. E. à 12 milles de distance parvenu à la limite des eaux territoriales la Couronne signale sa position à la Digue, qui signale à la Couronne de reprendre son mouillage, ce qui fut exécuté sans délai. Il y avait au large nombre d'embarcations du port, trois yachts anglais dont un à vapeur. Le Var était sous pression pret à porter secours au besoin.

Dès que l'Alabama se trouva libre de ses mouvements, il se dirigea sur le Kerseage qui continuait à faire route au N. E. Mais peu après, celui-ci changea de route et se dirigea sur l'Alabama. Les deux bâtiments couraient l'un et l'autre à toute vapeur et la distance qui les'séparait se trouva bientôt réduite jusqu'à la portée du canon. Alors l'Alabama changea de route et sembla d'écrire un demi-tour sur babord pour présenter la hanche de tribord à son adversaire, puis il commença le feu avec sa pièce à pivot de l'arrière. Les bâtiments pouvaient se trouver à 8 ou 9 encâblures l'un de l'autre et à 9 ou 10 milles de terre. Le Kerseage répondit pas à ce premier et ne commença à tirer qu'après le 3ième coup.

Cette position oblique en retraite prise par l'Alabama était certainement la position la plus sure pour un bâtiment de faible échantillon comme l'Alabama; il présentait à l'ennemi un but restreint, il couvrait autant que possible sa machine et croyant avoir la supériorité de marche, il était maitre de la distance. il attaquait l'ennemi avec sa pièce la plus puissante, dans la partie non cuirassée; mais soit que le Cap'ne Semmes se soit laissé emporter par son ardeur, soit qu'il ignorât, comme on l'assure, que le Kerseage fût cuirassé,[12] il resta très peu de temps dans cette position et faisant un demi-tour sur tribord, il alla croiser son adversaire à contre bord en le canonnant vivement par son côté de tribord. A partir de ce moment les deux adversaires ont tourné l'un autour de l'autre, sur des cercles dont les rayons ont varié depuis 4 encablures jusqu'à 2 et se canonnant à contre bord par le côté tribord. On a compté jusqu'à 7 tours. Mais à ce jeu le Kerseage qui était blindé sur le côté avait tout l'avantage, il pouvait de plus tirer avec ses deux énormes canons. Atteint de trois coups sur le côté dont deux près de la flottaison, le blindage en chaine arrêta les projectiles qui auraient désemparé la machine's'ils avaient pénétré dans le bâtiment. sans le blindage l'issu du combat aurait pu être différent. quoiqu'il en soit, l'Alabama reçut des obus qui ébranlèrent sa charpente au point qu'il ne tarda pas à faire de l'eau. un éclat d'obus ou un boulet atteignit probablement une chaudière, car on vit tout à coup un nuage de vapeur s'échapper de ses flancs. Quelques personnes ont assuré qu'il reçût derrière un obus qui en éclatant le désempar [ait] de son hélice et de son gouvernail. toujours est-il que la machine's'arrêta et que l'Alabama mit à la voile tachant de rallier la terre; mais à partir de ce moment il était à la discrétion de son adversaire qui en a bien profité, car un moment après l'Alabama se rendit et ne tarda pas à couler à pic en's'enfonçant par l'arrière.

Tout se qui surnageait a été sauvé par le Canot du Pilote Mauger, les embarcations du Kerseage, et le yacht à vapeur anglais[13] qui sauva le Cap'ne Semmes et les officiers et se dirigea vers les côtes d'Angleterre à la grande stupéfaction du Cap'ne Vinslow. Relativement à ce denouement désastre[ux] la perte en hommes n'a pas été considérable. On compte 2 noyés, 6 tués et 16 à 17 tués [blessés].

Le Kerseage à reçu trois boulets sur le blindage dans le pro longement de la cheminée qui n'ont produit qu'un effet insignifiant. un boulet a traversé la cheminée, deux projectiles ont traversé au ras du pont. l'un en éclatant a blessé trois hommes. ce sont les seuls blessés qui ait eu le Kerseage. un obus's'est logé dans la tête de l'étambot oû il est resté sans éclater. l'étambot porte dans cette partie des fentes longitudinales, mais le système est solide.

Les deux champions se sont bien battus, le confédéré avec fougue, le Yankee avec flegme. l'Alabama a beaucoup tiré. Le Kerseage a tiré 130 coups, dont 52 avec les Dahlgreen.[14]

Voici quelles sont les dimensions des canons du Kerseage:

Canons Dahlgreen.
Mesures Anglaises.
Diamètre de l'anse  27c.94    11 inches.
Longueur totale    4.12 [m.]    13 ft. 6 inch.
Poids du boulet plein   86.97 [kilos.]   192 pounds English.
Poids" de l'obus   62.96   139 pounds" English."
Poids du canon 7701.00 17000 pounds" English."
Charge pour obus    6.800    15 pounds" English."
Charge" pour boulet    9.07    20 pounds" English."
Vitesse initiale (douteux) 4267.

Il n'y avait pas à bord du Kerseage de boulet plein pour cette artil lerie, mais on m'assure que depuis peu des expériences ont conduit à adopter le boulet plein pour cette pièce.

  1. Apparently the western point of the great breakwater which protects the harbor of Cherbourg. There is a map of the scene of the engagement in the Report of the Secretary of the Navy for 1864, opposite page 631, and this is reproduced in Official Records of the Union and Confederate Navies, III., opp. p. 81.
  2. 1040 tons. Scharf, History of the Confederate Stales Navy (Albany, 1894), p. 797.
  3. The armament of the Alabama consisted of one 110-pounder rifled pivot gun, one heavy eight-inch 68-pounder (9000 pounds), and six 32-pounders. Official Records, III. 59, 77, 81; Semmes, Service Afloat (1900), p. 753
  4. Smooth-bore.
  5. See Official Records, III. 647, 652, 654, 658, 661, 663.
  6. Captain John A. Winslow, U. S. N.
  7. And Flushing.
  8. Officers 19, crew 144. Official Records, III. 77.
  9. 1030 tons. Besides the armament described below, there was a 28-pound rifle. Official Records, III. 59.
  10. The Roule is a height behind the town (110 m.) witb a wide view.
  11. Cap Lévi.
  12. Semmes, pp. 753–754, complains bitterly of this "unchivalrous" protection as unknown to him; his lieutenant Arthur Sinclair, Two Years on the Alabama (third ed., Boston, 1896), pp. 259, 261, 274, says that Semmes had full knowledge of the fact, having been informed of it by the port admiral (préfet maritime) himself; Barron's letter of June 27 shows that he, Semmes's immediate superior, was aware of the essential facts. Official Records, III. 649.
  13. The Deerhound.
  14. 173 and 55 respectively. Official Records, III. 64.

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