Transactions of the Linnean Society of London/Volume 12/Remarks on two Genera of Plants to be referred to the Family of the Rosaceæ

Transactions of the Linnean Society of London, Volume 12
Chapter 13: Remarks on two Genera of Plants to be referred to the Family of the Rosaceæ by Augustin Pyramus de Candolle
2598165Transactions of the Linnean Society of London, Volume 12 — Chapter 13: Remarks on two Genera of Plants to be referred to the Family of the RosaceæAugustin Pyramus de Candolle
XIII.Remarks on two Genera of Plants to be referred to the Family of the Rosaceæ, in a Letter from Mr. A. P. De Candolle, Professor of Natural History in the Academy of Geneva, Corresp. R. Acad. Sc. Paris, &c. to Sir James Edward Smith, President of the Linnean Society.

Read April 2, 1816.

Monsieur,

Si les descriptions des espèces nouvelles sont les acquisitions les plus évidentes de la botanique, les rectifications des descriptions anciennes ne laissent pas d'avoir aussi quelqu' intérêt: elles en acquièrent surtout lorsqu'elles sont rélatives à des plantes que leur beauté a rendues populaires, et lorsqu'elles ont pour résuitats de faire classer avec quelque précision des objets connus auparavant; ce sont ces motifs qui m'engagent à vous faire part de quelques observations sur le Corchorus japonicus de Thunberg, et le Tigarea bidentata de Pursh; je vous en dois l'hommage à d'autant plus juste titre que vous avez déjà étudié le même sujet, et que c'est à la complaisance avec laquelle vous avez bien voulu me permettre d'étudier I'herbier de Linné, que je dois d'avoir pu éclaircir une partie importante des difficultés qui m'arrêtoient.

Occupé depuis plusieurs années de quelques recherches sur les fleurs doubles, j'avois analysé avec soin le Corchorus japonicus de nos jardins, et je m'étois assuré, 1. que dans cette plante les pétales naturels et les pétales accessoires qui représentent les étamines sont insures non sur le receptacle comma clans les vrais Corchorus, mais sur Je calice meme; 2. que l'ovaire n'y est pas unique comme dans les Corchorus, mais compose de 3 a 6 ovaircs distincts; 3. que le mode de v6getation et d'inflorescence de ce pretendu Corchorus A'x&hxe beaucoup des autres especes de ce genre: j'avois conclu de ces observations que le joli sdus-arbrisseau cultive dans nos jardins sous le nom do Corchorus japonicus n'appartient ni au genre ni ii la famille oh. il a ete placé, mais qu'il fait partie de la famille des Eosactes.

Depuis lors j'ai cu, graces a vous, Monsieur, I'occasion devoir ce pretendu Corchorus a fleurs simples, et je me suis assure que les soupfons deduits de I'analjse des fleurs doubles etoient fondes, et que cette opinion, quoique en apparence nouvelle aujourd'hui, se trouve deja consignee dans plusieurs livres.

Vous avez dejii fait connoitre par unenotte de Texccllente monographe des Rubus que vous avez inseree dans la Cyclopædia du Dr. Rees, que le Rubus japonicus de Linne n'est autre chose que notre Corchorus; Linne dit que les fleurs en sont blanches, et cette circonstance a sans doute eloigne les botanistes de toute recherche a cet egard ; mais Techantillon de I'herbier de Linne que vous avez bien voulu me permettre d etudier, montre des petales pales et decolores il est vrai, mais qui ont pu 6tre jaunes; il est probable que Linn6, entraine par le sentiment et le tact exquis qu'il avoit sur les rapports naturels, a cru qu'une plante si voisine des Rubus et des Spiraa devoit avoir lafleur blanche; cet echantillon avec celui de 'I'hunberg ne m'a laisse comme k vous aucun doute sur I'identite des deux plantes, et sur la sagacite avec laquelle Linne I'avoit rapportee a sa famille ; en voyant m6me les rapports de foliation des Rubus corchorifolius, elongatus, pyrifolius, acuminatus, &c. avec celle de notre plante, on confoit facileraent comment sur un 6chantillon sec elle a pu 6tre rapportee à ce genre. Le savant et respectable President de la Societ6 Royale, qui, comme on scait, a fait une attention particuli&rc a la botanique du Japon, m'a fait remarquer lorsque j'ai eu I'honneur de lui parler de cet objet, que les Japonois paroissent avoir senti le rapport de leur plante avec les Rosacc'es, car ils donnent au Pyriisjapo7iica le nom de Buke, et au pr^tendu Corchoriis celui de Jamrna Buki. KiEmpfer dit meme en decrivant cette plante, "flore simplici luteo RanuficuU, Rosce cajiince facie ac magmtiidine;" depuis I'epoque de Thunberg les premiers doutes sur la legitimite de sa classification se trouvent consignes dans le Botanist's Repository; la figure reprcsente tres bien la position perigyne des etamines et le nonibre des ovaires; on lit de plus dans la description; all the flowers that we have seen are from 5- to 8-gynous; which with the singular form of the capsule makes us consider it as a very doubtful species of Corchorus.

S'il est facile d'affirmcr que le Corchorus de Thunberg n'est point de ce genre, et qu'il appartient, comme Linne l'a pense, a la famille des RosacSes, il Test un peu moins de decider sa place dans cette famille; il ne peut 6tre un Rubus, parceque ses fruits ne paroissent nuUcment destines a devenir cliarnus, et que d'ailleurs son port et la couleur meme de sa fleur s'y opposent trop fortement; il paroit avoir plus de rapports avec les Spirees; mais il s'en eloigne encore par l'unite des graines de chaqu'ovaire et par cette meme couleur de la fleur; je crois done que cette plante doit former un genre nouveau; j'aurois voulu pouvoir faire hommage de cette espfece elegante, et qui devient tous les jours plus populaire au botaniste qui m'a donne I'occasion de m'assurer de ses caracteres, etqui a tant contribue a populariser la botanique en Angleterre: mais votre nom etant deja consacre dans la science des fleurs, j'ai donne a ce nouveau genre le nom de Kerria, d'aprfes tclui de William Kerr, jardinier, qui d'apres le temoignage de M. Robert Brown a introduit en Europe un trcs grand nombre de plantes de Chine, et auquel nous devons en particulier celle qui nous occupe.

Il est un autre vegetal rapport*'; parle seul botanistc qui I'a decrit ii une fainillc trcs differente de celle-ci, et qu'on doit scion moi non seulement rapportcr it la famille des Rosacces, mais placer trcs prc's du Kerria; jc veux parler du Tigarea tridentata de Pursli; dcs I'inspection de la figure et de la description, j'avois pense que ccttc plantc n'etoit point un Tigarea[1], n'appartenoit point aux Dillciiiacces dont le Tigarea fait partie, et devoit 6tre reporte dans les Rosacees auprcs dcs Spircca. M. Lambert, qui a bien voulu nie perniettre d'etudier Ics richesses de sa belle collection, ni'a donn6 l'occasion de changer ce souppon en certitude; je puis done d'apres Texanien de Icchantillon meme de Pursh affirmer que sa phmte est un genre de Rosacee, que je designerai sous le nom de Fiirshia, en I'honneur du botaniste qui l'a le premier fait connoitre, aussi bien qu'un grand nombre de plantes de l'Amerique septcntrionale.

Le Kerria et le Purshia ont entr'eux des rapports trcs^intimes; l'un et l'autre sont dcs sous-arbrisseaux de pays temperes et analogues[2], munis de bourgeons ecailleux, ct depourvus d'6pines et d'aiguilions; lours feuilles sont siniples, alternes, dentees, rapprochecs sur de petits rameaux latcraux; leurs fleurs naissent le plus souvent solitaires, et pedonculces au sommet de ces petits rameaux; elles sont composees de 5 petales jaunes arrondis, attaches au calice, et d'un grand nombre d etamines perigynes; leurs ovaires ne renferment qu'une seule graine, et leur fruit n'est pas charnu: ces deux genres se placent done assez-bien entre la tribu des Spirees et celle des Dri/adSes.

Malgre I'intimite que ces deux genres presentent dans I'ensemble de leurs caracti;res, et la possibilite qu'on soitun jour forc6 de les reunir, j'ai cru qu'il etoit plus convenable de les considerer comme distincts; leurs differences, quoique legeres, me paroissent suffisantes pour autoriser cette separation: 1. Le Kerria a tou- jours de 5 a 8 ovaires au moins ; le Purshia n'en a qu'un d'aprfes Pursh. M. Robert Brown y a vu 2 ovaires dans une fleur qu'il a analysee; je n'en ai vu qu'un dans celle que j'ai observee; ainsi le nombre, qvjoiqu'un peu vague, est fort inferieura celui du Kerria. 2. La graine du Kerria est attachee lateralement vers le milieu de l'ovaire; celle du Purshia est attachee a sa base. 3. Les styles du A'errm^ fleur simple sont longs, filiformes, bien distincts des ovaires, tandis que celui daPurshia est court, et senible n'etre qu'une simple sommite d'ovaire retrecie et attenuee; oserai-je meme ajouter que les ovaires sont glabres, peut-etre iiidehiscens dans le Kerria, velus et susceptibles d'une legfere dehiscence dans le Purshia; que le Kerria a des stipules axillaires trfes distinctes, tandis que celles du Purshia manquent; ou que du moins, si elles existent, elles y sont trfes petites et a peine perceptibles?

D'aprés ces considérations, je crois pouvoir établir les caractères de ces deux genres, comme suit:

Kerria.

Riibi Sp. Linn. Corchori Sp. Thunb.

Car. Calyx 5-fidus, lobis ovatis, 3 obtusis, 2 apice calloso-sub- mucronatis, sestivatione imbricatis : Petala 5 orbiculata calyci inserta, ejusdem lobis alterna: Stamina circiter 20 filiformia calyci inserta : antherseovatae: Ovaria 5-8 libera glabra globosa, ovulo unico lateraliter adhaerente fojta : styli totidem filiformes. Capsulte (ex Tluinb.) globosae.

Veg. Suftrutex inermis ramosus cortice laevi virescente, ramulis lateralibus brevibus h gemma squammosa ortis, floribus in ra- mulis sa3piiis soliluriis pedunculatis; folia ovato-lanceolata acu- minata penninervia grossfe dentata, dentibus serratis serraturis acutis subaristatis, Spiraeee opulifoliae nervatione et vernatione similia: stipulae 2 lineari-subulatEe rigidiusculae : flores lutei facillim^ pleni, staminibus in petala oblonga obtusa basi angus- tata substipilata mutatis, ovariis elongatis efFoetis sed ssepius persistentibus nee omnino evanidis.

Kerria Japonica.

Teito vulgo Jamma Buki. Kampf. Amoen. 844.

Rubus Japonicus. Linn. Mant. p. 245.

Corchorus Japonicus. Thufib. Fl. Jap. 227. Bot. Rep.t. 587. Bot. Mag. t. 1296.

Hab. in Japonla circa Nagasaki et alibi. Thunb. ^ (v. v. c. fl. pleno. V. s. c. fl. simpl. in herb. Smith.)

PURSHIA.

TigarecB Sp. Pursh.

Car. Calyx 5-fidus, lobis ovatis obtusis : Petala 5 orbiculata calyci inserta: Stam. circiter 20, calyci inserta : Ovarium 1 (2 ex Brown) ovato-oblongum pubescens apice in stylum brevemsimplicem attenuatum, ovulo unico basi inserto: Capsula ovario conformis rima laterali dehiscens.

Veg. Frutex ramosissimus inermis, cortice cinereo, ramulis lateralibus brevibus h gemma squammosa ortis: folia in ramulis conferta basi cuneata apice gross^ bidentata supra villosasubtus cano-tomentosa : stipulae nullae aut minimee: flores paen^ lutei. Purshin tridentata.

Tigarca tridentata. Pursh Fl. Bor. Am. 1. p. 333. t. 15.

Hab. in pascuis secus flumen Columbia in America boreali. Lewis. 12, (v. s. s. in h. Lamb.)

Je désire, Monsieur, que ces observations puissent vous offrir quelqu'intérêt, et en publiant cette note prise en grande partie dans votre Herbier et dans ceux des autres botanistes de l'Angleterre, je m'estime heureux d'avoir une occasion de les remercier publiquement, ainsi que vous, de I'accueil obligeant par lequel ils ont bien voulu faciliter mes recherches.

J'ai l'honneur d'être, Monsieur, avec la considération la plus distinguée, votre très humble et devoué serviteur,

A. P. de Candolle.
  1. Le Tigarea d'Aublet est lui-même un genre qui a été supprimé et réuni au Tetracera par Willdenow.
  2. Les botanistes savent qu'il existe un grand nombre de genres, et même de ceux qui sont composés d'un petit nombre d'espèces, qui ont une partie de leurs espèces dans l'Amérique septentrionale, et l'autre dans l'Asie orientale: tels sont les genres Magnolia, Illicium, Cimicifuga, Panax, Platanus, Thuya, &c. &c.