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APPENDIX.

fut obligé de quitter son desert pour aller à la ville, il trouva sur sa route un serpent d'une énorme grosseur, lequelle avoit tellement effrayé tout le pays circonvoisin, qu'aucun n'osait se hasarder de passer par cet endroit: il invoqua aussi tôt le nom de Dieu createur du ciel et de la terre, et armé de la seule confiance qu'il avait en lui, il s'approcha de ce monstre, et lui commanda de quitter ce lieu là, et de retourner dans celui d'où il étoit sorti. Ce monstre obéït promptement, et tous ceux qui furent presens à cette action, admirerent la puissance du Dieu qu'il avait invoqué. Il fit encore la même chose à l'égard d'un lion qui traversait son chemin, car s'approchant de lui il lui mit la main sur le col, et le caressa comme il aurait fait un agneau. Le bruit de ces miracles se répandit en peu de tems dans le pays, et chacun était persuadé que le Dieu qu'il adorait ne refusait rien à ses prieres. En effet un des principaux seigneurs de la cour, qu'avait perdu la vûë, vint à lui pour la recouvrer, et le jeune prince lui dit que s'il voulait suivre la loi qu'il lui enseigneroit, et promettre de lui garder le secret, Dieu par sa toute-puissance lui rendrait infailliblement la vûë. Ce seigneur n'eut pas grand peine à le lui promettre, et il fut incontinent éclairé: mais il alla d'abord se présenter au roi, lequel lui ayant demandé comment il avait recouvré l'usage de la vûë, Dieu tout-puissant, lui répondit-il, me l'a rendu par sa grace. Alors Abou-Nauàs voulut savoir de lui qui était ce Dieu, et il lui repliqua: C'est le seul et unique Dieu qui n'a point de semblable. Abou-Nauàs, qui était fort attaché au culte de ses faux dieux, usa d'artifice pour apprendre de lui qui était le maître de cette nouvelle doctrine, et pour cet effet il lui dit: Je voudrais être instruit, aussi-bien que vous, de cette divinité, pour y croire; et ce seigneur qui était déja animé d'un grand zele, et désiroit extrémement d'attirer le roi à la connoissance du vrai Dieu, ne manqua pas de lui découvrir aussi-tôt le docteur qui la lui avait enseignée, et après s'être informé exactement de tous ce qu'il croyait et enseignait aux autres, fit tous ses efforts pour le fair renoncer à cette créance: mais connue il s'apperçut que ni les promesses ni les menaces n'étoient pas