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accomplit vers I'age de la puberte, en tant que rites definitifs d'agregation au groupe totemique; mais chez certaines populations ces rites d'initiation totemiques sont accomplis lors des ceremonies de la naissance, chez d'autres lors des ceremonies de la deno- mination, chez d'autres encore lors des ceremonies du mariage, ainsi qu'on s'en rendra compte en recourant a mon livre sur Les Rites de Passage. Les rites d'initiation ne sont pas une categoric rituelle autonome, et que par abstraction on aurait le droit d'isoler des autres categories apparentees. Je defie d'ailleurs chaque ethnographe de suivre M. Frazer quand il dit (vol. iii., p. 458) "qu'on ne peut comprendre le rapport entre les rites d'initiation et le totemisme, ni entre les rites d'initiation et les societes secretes." Ce rapport semble meme si mysterieux a M. Frazer, qu'il nous promet presque un autre ouvrage specialement consacre aux rites d'initiation en tant qu'institution autonome ! Je ne dis pas que tons les details de chacune des ceremonies d'initi- ation chez chaque population de notre globe soient chaque fois d'une interpretation aisee ; mais le principe fondamental est aisement accessible, et il faut se garder, suivant la formule connue, de ne plus voir de la foret que les arbres. Du moment qu'il y a groupement, il est necessaire, au sens le plus absolu de ce mot, que chaque individu soit a un moment ou a un autre agrege a ce groupement ; et plus il y a de formes de societe, plus il y a de formes de rites d'agregation. On est convenu d'appeler rites d'initiation ceux qui sont executes aux environs de la puberte. Mais tout autant sont des rites d'initiation : les rites de la deno- mination, ou ceux du mariage, ou ceux des funerailles dans ceux de leurs elements qui ont la valeur d'un acte d'agregation. Je crois bien que Plutarque avait deja remarque ces equivalences ; en tout cas le defaut de Webster dans son livre sur les Secret Societies a ete de ne pas les mettre assez en lumiere, Et quant aux hesitations de M. Frazer, elles me semblent, encore une fois, incomprehensibles.
Qu'il y ait a Madagascar des rites dits d'initiation, comme la circoncision, je n'ai jamais pense a le nier ; mais je n'avais pas a en tenir compte dans mon Tabou et Totemisme parce que ces rites n'ont a Madagascar rien de totemique ; ce sont des rites d'agrega- tion a d'autres formes de societe que la forme de societe totemique,