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WILLIAM, EARL OF SHELBURNE

celles des législatures particulières. Suivez les discussions qui précèdent la fabrication des lois nationales. Que cite-t-on? Où prend-on ses analogies? où cherche-t-on ses exemples?—Dans les lois anglaises; dans les usages ou dans les règlements du Parlement de la Grande-Bretagne.—Allez aux cours de justice; de qui parle-t-on?—De lois communes, de statuts, de jugements des cours anglaises. Les hommes de loi n'ont pas un livre dans leur bibliothèque qui ne soit composé et imprimé en Angleterre. Certes, si de tels hommes ne sont pas totalement Anglais, il faut renoncer à reconnaître l'influence des lois sur les hommes et nier les modifications qu'ils reçoivent de tout ce qui les entoure. C'est vainement que les mots de république et de monarchie semblent placer entre les deux gouvernements des distinctions que rien ne peut confondre. Il est clair, pour tout homme qui va au fond des idées, que, dans la Constitution représentative de l'Angleterre, il y a de la république comme il y a de la monarchie dans le pouvoir exécutif des Américains. Cela sera vrai surtout aussi longtemps que durera la présidence du général de Washington. La force d'opinion qui s'attache à sa personne et qui s'accroît chaque jour, représente fidèlement l'espèce de pouvoir magique que les publicistes attribuent aux monarchies, pouvoir qui, dans l'instant actuel, ne croît pas aussi constamment que la popularité du général Washington.

La partie de la nation américaine qui serait appelée à recevoir le moins de préjugés, les hommes riches et instruits du pays, ceux qui ont été les moteurs de la révolution, qui pour la soutenir ont animé le peuple contre les Anglais, et qui en soufflant cette haine auraient pu s'en pénétrer, ceux-là mêmes sont insensiblement ramenés vers l'Angleterre par différents motifs. Plusieurs ont été élevés en Europe; et à cette époque, l'Europe des Américains n'était que l'Angleterre. Ils n'ont guère d'idées comparatives de grandeur, de puissance, de noblesse et d'élévation que celles qui leur sont fournies par des objets tirés de l'Angleterre; et surpris eux-mêmes de la hardiesse du pas qu'ils ont fait en s'en séparant, ils sont ramenés au respect et à la subordination vers elle, par tous leurs mouvements involontaires.

Ils ne se dissimulent pas, il est vrai, que, sans la France, ils n'auraient pas réussi à devenir indépendants; mais ils savent trop de politique pour croire de nation à nation à la vertu qu'on appelle reconnaissance.

Ils savent que les services désintéressés ont seuls des droits à ce pur sentiment, et qu'il n'y a point de tels services entre les États. Et comment pourraient-ils s'y tromper? Lorsque l'Amérique, affranchie du joug de l'Angleterre, périssait sous le poids de sa propre anarchie, lorsqu'au milieu de son indépendance, il lui manquait la liberté, lorsqu'elle faisait effort pour se la procurer et