Page:Life of William Shelburne (vol 2).djvu/506

This page has been proofread, but needs to be validated.
470
WILLIAM, EARL OF SHELBURNE

Mais c'est trop longtemps chercher les dispositions de l'Amérique dans ses préjugés ou ses habitudes; c'est dans ses intérêts qu'il faut puiser des connaissances plus sûres. Ce guide, qui partout détermine les hommes, en Amérique est plus écouté que partout ailleurs, parce que dans ce pays-là l'affaire de tout le monde, sans aucune exception, est d'augmenter sa fortune. Ainsi, l'argent est le seul culte universel; la quantité qu'on en possède est la seule mesure de toutes les distinctions.

Il serait done déraisonnable de chercher ailleurs que dans l'intérêt la cause déterminante de toutes les volontés politiques, et, par conséquent, du penchant réel en faveur de l'Angleterre.

L'Amérique, dont la population est actuellement de quatre millions d'âmes et augmente rapidement, est dans l'enfance des manufactures. Quelques forges, quelques verreries, des tanneries en assez grand nombre, quoique imparfaites, de petites fabriques de drap et de casimir dans le Connecticut, de tricots grossiers en Pensylvanie, de coton dans différents endroits, servent mieux à attester l'impuissance des efforts faits jusqu'ici, qu'à fournir au pays les articles de sa consommation journalière.

Je ne comprends point sous le nom d'objets manufacturés les farines, les salaisons, les potasses et les huiles de poisson, quoique tous ces articles aient subi une préparation.—Les habitants de la campagne font eux-mêmes, en beaucoup d'endroits, les étoffes et le linge dont ils se vêtissent eux et leurs familles. Mais ce secours de l'industrie domestique est nécessairement bien incomplet et n'empêche pas que l'Europe n'envoie a l'Amérique une partie de ce qu'elle doit consommer intérieurement chaque année et une grande partie de ce qu'elle réexporte dans son commerce extérieur.

Ces importations sont fournies à l'Amérique si complètement par l'Angleterre, qu'on a lieu de douter si dans les temps de la plus sévère prohibition, l'Angleterre jouissait plus exclusivement de ce privilège vis-à-vis de ce qui était alors ses colonies, qu'elle n'en jouit actuellement vis-à-vis des États-Unis indépendants. Les causes de ce monopole volontaire sont faciles à assigner: 1º l'immensité de fabrication qui sort des manufactures anglaises, la division du travail, suite de cette grande fabrication et produit de grands capitaux dont le commerce anglais a la disposition. Enfin, l'ingénieux emploi des forces mécaniques adaptées aux différents procédés des manufactures, a donné le moyen aux manufacturiers anglais de baisser les prix de tous les articles d'un usage journalier, au-dessous de celui auquel aucune autre nation peut les établir.

2º Les grands capitaux des négociants anglais leur permettant d'accorder des crédits plus longs qu'aucun autre négociant d'aucune autre nation ne pourrait le faire. Ces crédits sont toujours au