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APPENDIX
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de la main-d'œuvre qui va toujours croissant, l'imperfection des matériaux premiers, comme la laine et le lin; le caractère indolent des habitants qu'un travail de peu de jours par semaine fait jouir d'autant d'aisance qu'ils en désirent; enfin, l'espèce de répugnance qu'ils témoignent généralement à louer leur travail et à travailler sous les ordres et pour le compte d'autrui. Toutes ces circonstances s'expliquent facilement par l'abondance et le bon marché des terres, et cette cause n'est pas prête à cesser. Ainsi, de longtemps, l'Amérique ne cessera d'être un marché pour tout ce qui se fabrique en Angleterre. On ne se fait pas d'idée du nombre d'articles qui s'importent et de la singularité de quelques-uns Depuis les ferrures des habitants les plus communs jusqu'aux extravagances les plus chères de la mode, il n'y a rien que l'Angleterre n'envoie: trois millions sterling par an n'égalent pas la valeur entière et toujours croissante de ces envois.

Après la consommation de ses manufactures, l'approvisionnement de ses colonies est le plus grand service que l'Angletere puisse recevoir; et l'Amérique est parfaitement située pour le lui rendre. Elle abonde précisément de ce dont les colonies manquent, et peut recevoir en retour, comme une valeur très profitable, cette portion de leurs produits, les rhums et sirops, qui ne mériteraient pas les frais du transport en Europe. Quelles que soient donc les colonies que retiendra l'Angleterre au moment de la paix, elle aura besoin de l'Amérique pour y tenir les denrées à bon compte et pour y faire abonder les bois, les animaux vivants, plusieurs espèces de légumes et de provisions utiles. La France n'aura pas, du moins de longtemps, ce genre de ressources à attendre de l'Amérique. Le système de liberté des noirs, adopté par elle, a anéanti pour beaucoup d'années ses îles à sucre. C'est donc encore entre l'Angleterre et l'Amérique qu'existent sous ce rapport des intérêts réciproques, les seuls liens véritables entre les nations Les mécontentements actuels passeront. L'ordre du 6 novembre[1]
  1. Ordre du Conseil d'Angleterre, du 6 novembre 1793: "Les commandants des vaisseaux de guerre et des corsaires ayant lettres de marque contre la France arrêteront et détiendront tous bâtiments chargés de marchandises de produit de quelques colonies appartenant à la France, ou portant des provisions et autres articles pour l'usage desdites colonies; ils poursuivront devant nos cours d'amirauté, pour leur être adjugés ainsi que les cargaisons."

    Cette instruction faisait suite, en l'aggravant, à une autre instruction en date du 8 juin 794, qui autorisait les croiseurs et corsaires anglais à capturer tout bâtiment neutre chargé de blé, farine ou grains, destiné à un port français ou occupé par les Français.

    Ces deux ordonnances, qui avaient pour objet d'affamer la France en interceptant tous les approvisionnements qui lui étaient destinés, porta son comble l'irritation déjà produite aux États-Unis par la persistance des mauvais procédés de l'Angleterre à leur égard. En effet, ce que l'on appelait le commerce des îles se faisait alors en très grande partie sous pavillon américain, et les ordonnances de l'amirauté anglaise le supprimaient de fait. Parmi les républicains ou antifédéralistes, aujourd'hui les démocrates, que le parti opposé, les fédéralistes, aujourd'hui les républicains, appelait par dérision le parti français ou jacobin, l'indignation prit les formes les plus vives. Les fédéralistes, qui