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LES QUATRE VENTS DE L'ESPRIT
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Le sabbat à notre oreille
Jette ses vagues hourras.
Un fagot sur une vieille
Passe en agitant les bras.

Passants hideux, clartés blanches;
Il semble, en ces noirs chemins,
Que les hommes ont des branches.
Que les arbres ont des mains.

ii.

On entend passer un coche,

Le lourd coche de la mort,
Il vient, il roule, il approche,
L'eau hurle et la bise mord.

Le dur cocher, dans la plaine
Aux aspects noirs et changeants,
Conduit sa voiture pleine
De toute sorte de gens.

Novembre souffle, la terre
Frémit, la bourrasque fond;
Les flèches du sagittaire
Sifflent dans le ciel profond.

iii.

—Cocher, d'où viens-tu? dit l'arbre.

—Où vas-tu? dit l'eau qui fuit.
Le cocher est fait de marbre
Et le coche est fait de nuit.

Il emporte beauté, gloire,
Joie, amour, plaisirs bruyants;
La voiture est toute noire,
Les chevaux sont effrayants.

L'arbre en frissonnant s'incline,
L'eau sent les joncs se dresser.
Le buisson sur la colline
Grimpe pour le voir passer.